Enquêtes et analyses

Faire face au changement en évitant le « syndrome de l’opossum »

L’opossum, un animal « impressionnant par sa capacité d’adaptation », est connu pour faire le mort en cas de danger. Cinq professionnels du coaching et de la formation se sont inspirés de ce petit animal pour aider ceux qui le souhaitent à se mettre en mouvement avec leur ouvrage « Le syndrome de l’opossum : carnet pour faire face aux changements sans faire le mort à tous les coups ».
Temps de lecture: 5 min

L’un des cinq auteurs, Yoann Lemeni, est facilitateur, coach et formateur en innovation collaborative.
L’un des cinq auteurs, Yoann Lemeni, est facilitateur, coach et formateur en innovation collaborative. - DR

Pourquoi avoir choisi ce titre ?

Le changement est partout, mais on n’a jamais aussi peu changé nous-même. Face à tout ce qui se passe, on a tous tendance à activer un mode par défaut à savoir : regarder ailleurs en attendant que cela passe, faire plus de la même chose, faire le mort. Ce mode par défaut est dangereux car il nous retire la notion de choix et de responsabilité et provoque en réalité des problèmes plus profonds et plus inextricables avec le temps qui passe. Ce titre c’est une volonté de désactiver ce mode par défaut et de choisir une stratégie, qui peut aussi être de faire le mort, adaptée à ce que l’on vit.

Pourquoi avoir conçu l’ouvrage comme un carnet et à qui s’adresse-t-il ?

L’apprentissage vient en expérimentant. Un livre sur le changement ne peut fonctionner qu’à travers une invitation à l’expérimenter. D’où le format carnet. À la base on l’a écrit pour tous les gens qui viennent nous voir à la fin d’un atelier pour nous parler de leur difficulté à adresser un changement en entreprise. Notre objectif a été de les aider à prendre conscience de leur rôle dans ce changement voulu ou subi. Au fur et à mesure des discussions, on s’est rendu compte que la cible était naturellement plus large, car adaptée à des problématiques elles-mêmes plus larges.

Pourquoi écrire à plusieurs ?

Ce type d’ouvrage est mieux fait collectivement. Vu la complexité du sujet, avoir la diversité de nos vies, croyances et regards pour l’aborder s’est révélé précieux. On ne porte pas les mêmes regards sur la vie. Ensuite, cela a été utile pour le processus créatif du livre. C’est un concept de ping-pong permanent d’idées qui rebondissent sur chacun pour arriver au résultat final. Des heures et des heures de débat sincères. C’était à la fois passionnant et énergivore.

Quel est, de tous les exercices proposés, celui que vous préférez et pourquoi ?

C’est sans hésiter l’exercice sur le concept du WabiSabi qui consiste à observer et explorer les imperfections autour de nous. Il est génial car il nous apporte une pointe de renouveau, de fraîcheur, de redécouverte et d’acceptation naturelle. Nous n’avons pas de prise sur ces éléments, donc on passe naturellement dans un état de contemplation.

Quel est l’intérêt du « Boot Camp esprit critique » ?

On se demande souvent comment font certaines personnes pour avoir des idées tout le temps, pour poser les bonnes questions, pour prendre les moins mauvaises décisions. Une des réponses réside souvent dans le fait de faire tourner son cerveau régulièrement, le renforcer, l’entretenir et, surtout, de maintenir une certaine plasticité dans sa tête, une la flexibilité. Le hic, dans notre quotidien, c’est qu’il est peu mobilisé car nos tâches sont routinières et il est sous amphétamines en raison des réseaux sociaux, mails, nouvelles… Bref on ne prend plus le temps de le faire marcher. Or l’esprit critique est primordial dans un monde où l’information est partout et le « fake » tout autant. Donc, ce Boot Camp est un moyen de se dérouiller un peu le cerveau, en 21 jours, pour déjà percevoir différemment sa situation. Si ce dérouillage amène plus, banco !

Avez-vous toutes et tous fait le choix de l’humour pour écrire ce livre ?

L’humour est quelque chose qui nous est précieux et que l’on avait expérimenté sur notre précédent ouvrage (NDLR : Passez au design thinking, aux éditions Eyrolles également). Et les remontées furent positives. L’humour est présent dans notre quotidien, dans nos interventions chez nos clients car, et sans vouloir dédramatiser certaines situations, l’humour créé une émotion et une surprise et peut-être un vecteur d’engagement. La difficulté a surtout été de s’accorder sur le dosage et le moment, beaucoup de discussions ont eu lieu là-dessus. Toutes les pages ne s’y prêtaient pas, tous les traits d’humour n’étaient pas pertinents et certains même hors de propos. Ce livre a été éprouvant pour nous, car il nous a beaucoup questionnés. Cependant, le processus créatif à la base de chaque page, établi sur des échanges, fut débridé et souvent super drôle ! Ces échanges ont été des purs kiffs.

Quelle place occupent les émotions dans le domaine du changement ?

Toute la place ! C’est un filtre continuel entre le monde et nous et qui influe sur nos pensées et nos actions. Ce sont ces voix qui nous accompagnent dans chaque étape et dont certaines prennent plus de place que d’autres. C’est énergivore et coloré pour certains, doux et monotone pour d’autres. Mais les émotions, bien écoutées, sont un bon catalyseur du changement.

Quelle place y occupent les paradoxes ?

Le paradoxe est une des causes de nombreux non-changements. Vouloir A et B, c’est inconciliable et donc autant ne rien faire. Voyager loin et protéger la planète, avoir une sécurité financière et être libre de ses choix… Prendre conscience des paradoxes nous aide à reformuler les questions et trouver des pistes imprévues.

Pourquoi est-ce important de déterminer si un changement est voulu ou subi ?

La distinction est capitale tout simplement car la dimension émotionnelle n’est pas la même ni la capacité à encaisser, digérer, accepter… Le temps, l’énergie et les ressources nécessaires pour y faire face ne sont pas les mêmes. Et donc cela va influer sur l’importance des perspectives et des options.

Pourquoi est-il important de préparer et documenter le changement ?

Documenter revient à verbaliser, formaliser. C’est structurer notre pensée pour pouvoir la rendre concrète. Donc ça nous oblige à prendre conscience (encore !) de ce que l’on vit, de le mettre en mots donc d’y donner vie. C’est une hygiène mentale et un levier d’apprentissage.

Le syndrome de l’opossum : faire face aux changements sans faire le mort à tous les coups, éd. Eyrolles, 280 pages, en librairie dès le 16 mai.

À la Une

image description

Focus

Green Deal

image description

Découvrez l'actualité Green Deal

Révélez-vous