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Nourrir sa curiosité pour rebondir

Passionné de news et mordu de sport depuis l’enfance, Laurent Haulotte est entré dans le journalisme en combinant ses deux passions. Figure de RTL durant plus de 28 ans, il y a installé le JT comme rendez-vous incontournable de l’info. En novembre 2022, il quitte la maison du jour au lendemain et rebondit quelques mois plus tard dans la communication. Il lance Yeko Agency avec l’envie d’aider les CEO à communiquer de manière honnête et transparente.
Par Florence Thibaut
Temps de lecture: 4 min

Autodidacte, Laurent Haulotte apprend le journalisme radio en plein âge d’or des radios libres.
Autodidacte, Laurent Haulotte apprend le journalisme radio en plein âge d’or des radios libres. - Aurore Delsoir.

– Si on remonte le fil de votre carrière, qu’est-ce qui vous a donné envie de vous lancer dans le journalisme ?

C’est un enchaînement de circonstances qui m’a conduit à ce métier. Très jeune, j’avais une grande curiosité pour l’actualité sportive. J’ai presque appris à lire avec le supplément « sports » de la Dernière Heure, un des seuls quotidiens à proposer une information sportive de qualité à l’époque. À douze ans, un peu par hasard, le frère d’un ami m’a proposé de visiter les locaux de Radio Louvain-la-Neuve situés tout près de chez moi. Rentrer dans le studio m’a vraiment électrisé. Quand, quelques années plus tard en pleine effervescence des radios libres, la radio Stéphanie s’est lancée dans mon village, j’ai directement rejoint le projet. J’ai même commencé à être rémunéré pour cela en parallèle à mes études.

– Diplôme de commerce en poche, vous commencez à la RTBF. Que vous a apporté ce premier job ?

J’ai démarré à la radio Bruxelles Capitale, l’ancêtre de Vivacité Bruxelles. Je m’occupais d’une émission qui parlait de l’actualité à Bruxelles sous toutes ses formes, ce qui me rapprochait du journalisme. Cela m’a aussi permis de côtoyer mes idoles en radio, à savoir les commentateurs sportifs. J’ai notamment eu la chance de rencontrer Jacques Hereng, une figure mythique du journalisme sportif qui dirigeait alors la rédaction sportive du Soir. Je l’ai contacté et il m’a proposé de couvrir un obscur match de l’Union Saint-Gilloise, alors en deuxième ou troisième division. J’ai écrit un texte hyper scolaire, mais qui a été publié dans le Journal. J’étais super fier. Je pense que je l’ai encore aujourd’hui. J’ai continué à écrire pour le Soir et commencé à couvrir le sport pour la RTBF. J’ai découvert toutes sortes de patelins, de Roulers à Idegem. C’était une super école.

– Trois ans plus tard, vous rejoignez Bel RTL. Qu’est-ce qui vous intéressait à l’époque ?

J’ai commencé par couvrir l’actualité générale, puis j’ai présenté les journaux radio et on m’a proposé de passer en télévision, ce que je n’avais jamais fait avant. À 27 ans, je présentais mon premier JT et c’était parti ! J’ai commencé par celui de 13h avant celui de 19h, que j’ai piloté durant neuf ans. À l’époque, les gens regardaient beaucoup plus la télévision. On a vécu des moments très forts à la rédaction dans un contexte d’actualité souvent compliqué. Je pense, par exemple, aux disparitions d’enfants qui demandent d’expliquer le fonctionnement judiciaire de manière simple, le génocide au Rwanda ou le 11 septembre qui requièrent un éclairage géopolitique sur des enjeux complexes. Le positionnement de RTL était de parler de tout à tout le monde, ce qui lui a permis de devenir numéro un.

– Vous enchaînez ensuite les fonctions managériales…

En 2008, j’ai remplacé le directeur de l’information. J’ai à nouveau appris un nouveau métier. J’ai dû devenir chef d’équipe. Je suis un autodidacte. J’apprends vite et au contact des autres. Les fonctions suivantes, notamment de responsable du sport ou directeur News étaient une suite naturelle. Avec le recul, je pense avoir été parfois dur avec certains. Je suis très exigeant, en particulier, vis-à-vis de moi-même, et je partais du principe que tout le monde fonctionnait de la même manière. J’ai appris à gérer différents types de personnalités. J’ai dû également piloter des plans stratégiques dans des moments de transition économique. C’était souvent difficile humainement, mais intellectuellement très formateur.

Ce mois-ci, Laurent lance Yeko Agency pour aider CEO et entrepreneurs à communiquer de manière authentique et transparente.
Ce mois-ci, Laurent lance Yeko Agency pour aider CEO et entrepreneurs à communiquer de manière authentique et transparente. - Aurore Delsoir.

– De quoi êtes-vous le plus fier dans toutes ces années ?

En général, je me rappelle plus de mes erreurs que de mes succès ! Mais j’ai eu plusieurs « waouh » dans ma carrière. Le plus fort reste mon premier article publié dans le journal le Soir. J’ai pu également commenter un match de Manchester United contre Anderlecht en direct du stade lorsque RTL détenait les droits de la Champions League. C’était incroyable de ressentir cette énergie. Je pense aussi à une émission spéciale pour marquer la fin de la carrière de Justine Hénin, qui avait cartonné. Autre moment fort : la première interview en français de Bart De Wever. Et puis, comme journaliste, il faut savoir écouter, observer, être curieux, pouvoir résister au stress. J’ai acquis des réflexes supers utiles, qui me servent encore aujourd’hui. C’est aussi une fierté.

– En novembre 2022, vous quittez le groupe, repris par Rossel et DPG Medias (rachat finalisé en mars 2022), assez soudainement. Comment s’est terminé votre parcours chez RTL ?

La fin de mes années RTL s’est passée assez sereinement. J’ai adoré le trajet que j’ai fait en interne. Je ne souhaite qu’une chose, c’est que l’entreprise aille bien. Elle a énormément de talent et de potentiel. Avec la reprise, la vision du top management était différente de la mienne. C’était le bon moment pour moi de faire autre chose. Ensuite est venu le moment où je me suis dit, qu’est-ce que je fais. Comme dans toute rupture, même consentie et qui se passe bien, il y a une grosse perte de repères. Il faut se recréer des habitudes et un quotidien. Je gérais un département de 170 personnes et j’avais une armée à disposition. Je me suis retrouvé seul. Il faut réapprendre certaines choses.

– Quels conseils pourriez-vous donner à quelqu’un qui doit repenser sa vie professionnelle ?

Le premier serait de se laisser le temps et ne pas vouloir à tout prix remplir son agenda. En réfléchissant, je pense que je l’ai un peu trop fait et j’ai multiplié les formations. Ensuite, il faut, je pense, laisser venir ses pensées et émotions. Je me suis intéressé à toute sorte de sujets en dehors de mon métier. On peut parfois avoir des idées par ricochet. Je suis allé rencontrer des personnalités qui m’intéressaient de manière exploratoire. J’ai été impressionné par la bienveillance rencontrée. Se reconvertir, c’est tout un chemin à parcourir. Je relisais parfois mes notes quelques mois plus tard. C’est fou comme les points finissent parfois par se relier dans un deuxième temps. Je conseille également de s’interroger sur ses valeurs profondes et ce qu’on veut pour la suite. C’est un luxe qu’on n’a pas forcément en début de carrière.

– Comment avez-vous finalement opté pour la communication ?

Ce n’est pas venu toute suite, même si plusieurs personnes m’ont conseillé cette direction. Comme journaliste, on a tendance à vouloir rechercher la vérité là où la communication a plus pour visée d’embellir la réalité ou de masquer ce qui dérange. Je me suis d’abord penché sur les critères ESG et la durabilité, un domaine qui me touche personnellement. Le monde change et les enjeux sont énormes. Je suis convaincu que plus que le politique, les entreprises jouent un rôle déterminant dans ce domaine. Leurs dirigeants sont en première ligne et doivent expliquer beaucoup de choses à de nombreuses de parties prenantes. En Belgique on n’apprend pas l’éloquence, voire on s’en méfie. J’ai eu envie d’aider CEO et entrepreneurs à communiquer sur leur vision et leurs projets de manière claire et authentique.

– Vous lancez ce mois-ci Yeko Agency, une entreprise spécialisée dans le ‘personal branding’. Comment ce projet est-il né ?

J’ai été contacté par Valentin Pliester et Frédéric Van Damme, mes deux associés actuels, par ailleurs fondateurs de l’agence de communication digitale Socialsky. Ils avaient le projet de lancer une agence de communication à 360°, cross média. On a eu un très bon match et des envies similaires. Nos expériences sont, en outre, très complémentaires. Je viens avec mon background télé et radio et ils sont plutôt spécialistes des réseaux sociaux. Et puis, nous n’avons pas du tout le même âge. Je découvre plein de choses avec eux. Avec deux caméras et deux micros, on peut offrir un rayonnement maximal à un même contenu. Rencontrer tous ces entrepreneurs me donne beaucoup d’énergie et d’espoir.

Laurent en quelques dates

* 1991-94 : Journaliste sportif pour la RTBF et présentateur radio/télé

* 1994-97 : Journaliste sur Bel RTL

* 1997-2008 : Présentateur du JT de RTL à 13h et 19h

* 2008-2022 : Head of News, Head of Sport, News Director

* Avril 2024 : Lancement de Yeko Agency

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