Salaire

Pourquoi se laisse-t-on débaucher ?

Commerciaux, informaticiens, ingénieurs… La chasse aux « bons » profils est ouverte, et ce, en toutes saisons ! Mais est-il vraiment légal de se faire débaucher ? Et puis, surtout, est-ce une bonne idée de quitter son entreprise sur un coup de tête pour d’autres horizons ? L’herbe est-elle vraiment plus verte dans la tour d’à-côté ? Article réservé aux abonnés
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Le débauchage fait parfois penser au divorce suite à une relation extraconjugale. Le nouveau partenaire se montre plus attractif, plus séduisant, voire plus riche… Mais n’est-ce pas une chimère ? Ne risque-t-on pas de quitter la proie pour l’ombre ? Ne vaut-il pas mieux préserver ce que l’on a créé plutôt que de filer vers un hypothétique eldorado ? Sans doute n’y a-t-il pas de réponse universelle, et chaque situation est-elle unique… Mais il est toujours intéressant de peser le pour et le contre avant de succomber au « chant des sirènes ».

Pour Marie, débauchée au début de sa carrière, le constat est mitigé. « J’étais animatrice télé dans une chaîne publique. Pas encore fonctionnaire, mais c’était envisageable. Après deux ou trois ans d’antenne, une chaîne privée m’a débauchée et j’ai accepté. Elle me semblait en effet plus dynamique, plus jeune, moins poussiéreuse, et ses promesses étaient alléchantes. J’y suis restée dix ans avant de me faire virer pour des raisons obscures. Avec le recul, je me dis que j’aurais dû refuser la proposition de cette chaîne privée. Elle était certes plus tentante que mon employeur d’alors, mais j’en ai subi les déboires : compétitivité exacerbée au sein du personnel, et insécurité de l’emploi. Suite à mon licenciement, j’ai dû me réorienter et faire une croix sur ma carrière télévisuelle. » Pour Pierre-Olivier, c’est un peu différent. « Je travaillais dans une boîte de pub depuis cinq ans lorsque les premiers signes de la faillite se sont profilés. J’ai interrogé mon patron, qui a tout nié en bloc. Je me sentais de plus en plus insécurisé et ce fut un soulagement lorsque la boîte concurrente m’a proposé un poste. Elle était plus stable, le salaire plus élevé, et la voiture de société plus luxueuse. Je n’ai pas hésité et, aujourd’hui encore, je me félicite de l’avoir fait… Mon ancienne boîte s’est en effet déclarée en faillite quelques mois plus tard… On peut dire que ce débauchage est tombé à point nommé. »

Y a-t-il une clause de non-concurrence dans votre contrat ?

Avant de déposer votre démission pour signer ailleurs, mieux vaut relire les termes de votre contrat. Car il est très probable qu’il y ait une « clause de non-concurrence » inscrite en petit.

Il s’agit là de l’arme préférée des employeurs prudents. Concrètement, elle protège d’exercer une activité qui porterait préjudice à l’entreprise. Il peut par exemple s’agir d’un débauchage qui créerait une confusion entre deux sociétés. Une telle pratique a notamment été condamnée dans une affaire où une société abordait la clientèle en faisant valoir que les services fournis l’étaient par des ingénieurs qui travaillaient au sein d’une entreprise concurrente de renommée. Ceci dit, malgré l’existence d’une clause de non-concurrence, il est toujours possible de négocier avec son employeur ou que le nouvel employeur le fasse à votre place (en général, l’accord est purement financier). Par contre, tant que vous ne partez pas pour la concurrence, rien ne vous oblige à parler de votre nouveau job à votre hiérarchie.

Est-ce juste une question de salaire ?

Si vous vous sentez bien dans votre job actuel, que les relations sont bonnes avec vos collègues et que vos défis professionnels sont passionnants, peut-être vaut-il mieux y réfléchir à deux fois avant de vous laisser débaucher. Parfois, l’envie d’aventure, la flatterie et quelques centaines d’euros supplémentaire font pencher la balance de l’autre côté, mais vous pourriez bien vous en mordre les doigts. Il est en effet courant de se « faire tromper sur la marchandise », que ce soit au niveau des avantages promis (grand bureau, poste à responsabilités…) ou encore des avantages financiers (pourcentage sur les bénéfices, primes diverses…) Sans compter que vous ignorez tout de l’ambiance de votre nouveau bureau… La prudence est donc de rigueur. Avant de signer, n’hésitez donc pas à solliciter une rencontre avec vos futurs managers et collègues. Il y va de votre avenir !

Comment gérer « l’après » ?

Partir pour une autre boîte, nous le disions plus haut, c’est un peu comme quitter son mari ou sa femme pour son amant (e). Il y a lieu de préparer le terrain : boucler ses derniers dossiers, préparer la place pour son remplaçant, remercier pour l’expérience vécue… Il est également essentiel de conserver de bons rapports avec sa hiérarchie et ses collègues. En effet, il n’est pas rare de voir des employés faire machine arrière et revenir dans leur ancienne société ! (souvent à de meilleures conditions).

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