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Accélérer la croissance des scale-up wallonnes pour doper l’emploi

Part intégrante du Plan de Relance de la Wallonie, le programme Scale-up ambitionne d’aider les entreprises à structurer leur stratégie et à lever leurs éventuelles « barrières à la croissance ». In fine, le but est de stimuler l’innovation et pousser la création d’emplois dans la région. Aardex et Eonix font partie des projets prometteurs accompagnés.
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Lancé en juin 2022, le dispositif « Scale-up » propose un accompagnement « sur mesure » aux entreprises à fort potentiel de croissance : diagnostic de croissance, coaching managérial, aide financière… Récemment, rappelant que « la croissance des entreprises est un enjeu important pour la politique industrielle wallonne », Willy Borsus, ministre wallon de l’Économie, lui confiait une nouvelle mission. Afin de viser une plus grande efficacité, mais aussi une sélection plus pointue des scale-up, un Comité de sélection, présidé par Wallonie Entreprendre (WE), coordonne désormais l’ensemble du programme et met ses expertises à disposition des projets sélectionnés.

Des critères objectifs et subjectifs

Les entreprises candidates à l’accompagnement doivent répondre à différents critères objectifs : avoir au minimum un siège d’exploitation en Wallonie, avoir un chiffre d’affaires minimum d’un million d’euros (et maximum 10 millions) et/ou un minimum de 10 ETP. D’autres critères plus subjectifs concernent le modèle d’affaires, qui doit être fondé sur un produit ou un service créateur de valeur forte, et sur le potentiel de croissance du chiffre d’affaires qui doit pouvoir être multiplié par deux ou par trois endéans les 24 mois que dure l’accompagnement.

« L’ambition du CEO doit être avérée », précise Pascal Alexis, directeur général adjoint de WSL, incubateur technologique créé en 2000 pour soutenir les projets technologiques issus des sciences de l’ingénieur. « Chaque partenaire identifie des candidats potentiels. Wallonie Entreprendre via les CEI (Maisons de l’Entreprise et Invests locaux), les pôles de compétitivité wallons parmi leurs membres et WSL dans sa communauté de start-up qu’elle a aidées à démarrer et qui ont réussi. L’opérateur contacte l’entreprise et lui présente le programme. En cas d’intérêt, les critères sont vérifiés et un diagnostic global est établi afin de déterminer les freins à la croissance et les solutions à y apporter. »

Première promotion prometteuse

Depuis le lancement du programme en 2022, une première promotion de 26 entreprises actives dans divers secteurs bénéficie toujours de l’accompagnement. Parmi ces entreprises, il y a la serésienne Aardex et la montoise Eonix. La première est une société de Software as a Service (SaaS). Faisant initialement partie de groupe américain WestRock, leader mondial du packaging carton, Aardex est sortie du groupe en faisant un «management by out» en 2018. David Dalla Vecchia et son associé ont alors investi toute la valeur de l’entreprise dans l’approche SaaS.

« Nous sommes leaders mondiaux dans la mesure et la gestion de l’adhésion thérapeutique dans le domaine des essais cliniques. Nos clients sont des entreprises pharmaceutiques, de petite comme de grande taille, qui doivent s’assurer que le patient prend le médicament tel que défini dans le protocole de l’essai clinique, partage le CEO. Nos smart packages équipés de puces électroniques enregistrent quand et comment le patient prend le médicament, ce qui permet à la boîte pharma de tirer des conclusions correctes de ses essais cliniques. En se connectant à notre plateforme mise à la disposition de tous les acteurs du marché pharmaceutique, le médecin qui suit régulièrement un patient sur un site clinique peut analyser les historiques de prises médicamenteuses et aider le patient à mieux suivre le protocole. »

Apprendre à gérer sa croissance

Alors que 80 % de ses clients se situent sur le marché américain et que l’entreprise exporte déjà dans plus de 70 pays, quel est l’enjeu pour Aardex de bénéficier du dispositif wallon d’aide à la croissance ? « L’objectif est de conserver sa place de leader dans un marché qui est à peine en train de s’éveiller », répond le CEO de l’entreprise de Seraing. « La phase scale-up entraîne toute une série de challenges : il faut être capable d’assumer un volume de commandes beaucoup plus important. Cela nécessite d’augmenter les équipes de support, de développement, de vente… et donc d’améliorer l’organisation, de rendre son design plus robuste. Il y a aussi la gestion cruciale du timing entre le risque financier et le revenu, et la nécessité d’aller chercher des capitaux pour permettre cette croissance. »

Alors qu’aujourd’hui 25 personnes travaillent pour Aardex en Belgique, en Suisse et aux États-Unis, ce chiffre devrait avoir doublé en 2028. « Trouver les profils informatiques nécessaires est un défi. Il y a aussi le temps de l’on-boarding, environ six mois, entre l’engagement de la personne et le moment où elle devient autonome. Ce qui est très important dans une phase de scale-up, c’est comment garder la culture d’entreprise, préserver les valeurs qui ont fait votre force. »

Bruno Juste, l’un des fondateurs d’Eonix.
Bruno Juste, l’un des fondateurs d’Eonix. - DR

Se structurer pour grandir

Pour une scale-up comme Eonix, « le plus gros enjeu est de se renforcer par pure croissance internationale et de trouver les moyens pour gérer cette croissance », souligne Bruno Juste, un des deux fondateurs de l’entreprise montoise. Spécialisée dans le développement et la consultance pour la gestion des applications comportant des données sensibles, dans les domaines de la justice et du médical en particulier, Eonix a débuté en 2007 avec deux personnes. L’entreprise compte aujourd’hui 60 salariés et recrute encore.

« On n’apprend pas spécialement à gérer une telle croissance à l’école. À partir de 30 personnes, on ne peut plus être partout en même temps. Avec 50, il devient nécessaire de se structurer et de spécialiser les gens. Les certificats ISO, très structurants, nous ont aidés à faire ça. » Et pour leur croissance internationale, des entreprises comme Eonix peuvent compter sur la mise en lumière que leur offre l’Awex, Agence wallonne à l’Exportation et aux Investissements étrangers, en les invitant à participer à des salons, congrès et aux évènements internationaux.

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