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Jeunes et travail : apprendre à se projeter dans l’avenir

Chaque année, une centaine de jeunes dotés du statut NEETS, de l’anglais « Not in Employment, Education or Training », entreprennent un parcours avec Art2Work. Huit d’entre eux sont les héros du film « Roadies », commandé par le Centre Vidéo de Bruxelles (CVB). Un documentaire révélateur autant pour les protagonistes que pour les spectateurs.
Temps de lecture: 4 min

Convaincu qu’il y a de la place pour tout le monde sur le marché du travail, Wim Embrechts a fondé Art2Work en 2007 dans la zone du canal à Molenbeek. Il avait alors la ferme volonté de réduire le fossé entre des jeunes de 18-30 ans, décrits comme ingérables et perdus, d’une part, et des chefs d’entreprise à la recherche de travailleurs à qui faire confiance, ayant l’envie de travailler et avec qui ils pourraient construire une relation de travail durable, d’autre part. Le premier programme devenu opérationnel en 2010 est Technics2Start.

Scènes du film « Roadie » de Samuel Ab.
Scènes du film « Roadie » de Samuel Ab. - DR

Ce programme offre aux jeunes NEETS un contrat Ecosoc (Emploi d’insertion en économie sociale) de 12 mois maximum, pour effectuer des missions de support technique et logistique pour différents clients : festivals musicaux, opérateurs culturels comme le prestigieux Théâtre de la Monnaie… C’est ce cycle que suivaient Erkan Nezir, Maëlys Pycke et Mamadou Diallo en compagnie de leurs coaches, Christophe Bouckaert et Léopold De Smedt, au moment du tournage du film « Roadies » dont ils sont les protagonistes.

Un film-outil d’encadrement

Pendant le mois d’août dernier, le réalisateur Samuel Ab a suivi ces jeunes dans une de leurs missions : monter la grande scène du festival Pukkelpop près de Hasselt. Présenté en avant-première aux personnes concernées et aux partenaires à la Maison des cultures et de la cohésion sociale à Molenbeek, début avril, le film sera un excellent outil de présentation du programme aux futurs candidats. Après la projection, Erkan, Maëlys et Mamadou sont montés sur la scène avec Christophe et Léopold pour raconter ce que leur a apporté cette expérience unique immortalisée dans un film.

Ce que « Roadies » montre va bien au-delà de l’âpreté d’un travail à la fois physique et technique sous un soleil de plomb. Outre la fierté de gagner leur vie et de se sentir compétents et reconnus comme tels, les jeunes travailleurs ont aussi acquis des soft skills comme la patience, pour Maëlys, ou la concentration et la sociabilité, pour Erkan. Ils ont aussi appris à travailler en équipe et à respecter des horaires… En se faisant remonter les bretelles lorsque le retard de l’un se répercute sur toute l’équipe, et provoque un gros stress pour Chris et Léo qui en assument la responsabilité face au client ou à la cliente.

Des trajectoires pour se révéler

Chacun des jeunes filmés a un parcours professionnel et scolaire particulier et parfois chaotique. Mamadou a fui la Guinée pour des raisons politiques. Après un long trajet migratoire pendant lequel il a effectué toutes sortes de travaux « pour survivre », il a obtenu le statut de réfugié. C’est par le biais d’une association bruxelloise qui l’aidait dans sa recherche d’emploi qu’il a entendu parler d’Art2Work. Ayant terminé la trajectoire Technics2Start il y a six mois, il a ensuite suivi une formation d’un mois avec ConstruLab, organisme de formation à divers métiers de la construction. Aussi motivé soit-il, et bien qu’il ait aidé son père à construire leur maison et à maçonner des murs, le jeune réfugié ne dispose malheureusement pas des qualifications requises pour travailler comme maçon dans un secteur qui en manque pourtant cruellement. « Actuellement, je prépare des commandes et fait des livraisons sous CDD de trois mois. Ce qui me plait vraiment, c’est l’événementiel mais, en réalité, j’irai là où on me propose du travail. »

De son côté, Erkan, qui a terminé le programme Technics2Start depuis une semaine, se prépare pour obtenir son CESS (certificat d’enseignement secondaire supérieur) et, dans un mois, il devrait commencer à travailler au Théâtre de la Monnaie. « Chacun des quatre programmes d’Art2Work a sa propre identité », explique Wim Embrechts. « Coach2Start est un trajet de six semaines. Il est orienté développement personnel. Il s’agit d’acquérir de la confiance en soi, de mieux se connaître pour faire de bons choix et mieux se projeter professionnellement. Avec Direct2Start, en deux semaines, le jeune découvre la réalité du marché du travail, améliore son CV, découvre ses compétences et talents ignorés… »

En attendant de découvrir le film de Samuel Ab, il est possible d’écouter les podcasts « cartes postales » sur le site de l’association. Les jeunes passés par un programme d’Art2Work y expriment ce qu’ils y ont vécu et comment cela les a aidés à se construire. Un petit shoot d’optimisme revigorant !

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