À la Une

Job fair Brussels : la capitale, véritable carrefour de l’emploi

Capitale de l’Europe, Bruxelles est aussi la destination vers laquelle migrent plus de 400.000 navetteurs tous les jours. Moins dynamique, le mouvement inverse qui permettrait de stimuler l’emploi des Bruxellois demande une mobilité accrue des travailleurs entre les régions, et plus particulièrement vers la Flandres qui souffre de milliers de postes vacants.
Par Florence Thibaut
Temps de lecture: 4 min

Au dernier trimestre de l’année passée, les entreprises belges offraient 184.431 emplois vacants dont 66 % en Flandre. Le taux de chômage y est inférieur à 4 % et certaines zones économiques atteignent même le plein-emploi. À Bruxelles, par contre, la demande d’emploi tourne autour de 10 %. Dans ce contexte, la mobilité interrégionale apparaît comme une évidence. Face à ce constat, les acteurs publics de l’emploi, dont Actiris et le VDAB planchent sur le sujet depuis un certain temps. « Aujourd’hui, plus de 56.000 Bruxellois travaillent déjà en Flandre, pour une majorité dans la périphérie. L’objectif est d’encore faire augmenter ces chiffres. Un accord politique est intervenu entre nos ministres de l’Emploi pour que, chaque année, au moins 2.000 Bruxellois supplémentaires occupent des postes vacants en Flandre », introduit Caroline Mancel, directrice générale adjointe chez Actiris.

Dépasser les frontières

Pour le moment, plusieurs obstacles freinent encore ces échanges de travailleurs. Parmi ceux-ci, la connaissance du Néerlandais. « Sans surprise, la première difficulté est la barrière de la langue, poursuit Caroline Mancel. La toute grande majorité des demandeurs d’emploi bruxellois sont francophones ou parlent une autre langue. Un deuxième obstacle tient à la mobilité et à l’accessibilité des entreprises, en particulier quand elles se situent dans des zonings peu ou pas desservis par les transports publics. La zone de l’aéroport, par exemple, est très pourvoyeuse d’emplois, mais il y a bien trop peu de possibilités pour s’y rendre de nuit. Il faut savoir que nombre de Bruxellois n’ont pas ou plus de voiture, voire pas de permis de conduire ».

Autre barrière : le décalage entre les compétences recherchées et celles disponibles sur le marché, même si les profils généralement recherchés chez nos voisins correspondent souvent mieux aux caractéristiques des demandeurs d’emploi de la capitale – en comparaison avec le niveau de compétences recherché à Bruxelles. « Enfin, le dernier obstacle est beaucoup plus simplement que de nombreux employeurs flamands ne savent pas que ce réservoir de main-d’œuvre existe à leurs portes, note encore Caroline Mancel. Ils ne pensent pas aux Bruxellois, ni à Actiris dans leur recherche de personnel. »

Contrer les clichés

Une partie du travail à faire est de faire la peau aux idées reçues de part et d’autre, côté employeurs comme côté travailleurs. « Il subsiste encore cette idée qu’on doit être parfait bilingue pour travailler en Flandre ou que les employeurs flamands ne veulent pas embaucher des Bruxellois, par exemple, pointe Geert Pauwels, directeur du VDAB Brussels. Trop d’employeurs flamands se disent aussi que ces derniers n’ont pas le profil qu’ils recherchent. Sans même imaginer que la formation peut grandement favoriser la rencontre de l’offre et de la demande. »

Et Caroline Mancel d’embrayer : « Fin janvier, il y avait 7.631 postes ouverts… dans la seule province du Brabant flamand ! Avec le vieillissement de la population, les besoins vont encore croître. En Flandre, près de 400.000 travailleurs vont devoir être remplacés dans les cinq ans à venir, là où le chiffre n’est ‘que’ de 50.000 en région bruxelloise. Or, le frein psychologique touche également la perception de la distance. Beaucoup de Bruxellois ont dans l’idée que la Flandre, c’est loin. Or, si vous habitez à Etterbeek, vous vous rendez plus rapidement à Zaventem qu’à Anderlecht. »

Ouvrir les esprits

S’il y a plus de Wallons et de Flamands qui viennent travailler dans la capitale que de Bruxellois qui s’exportent, ces derniers sont toutefois déjà nombreux à quitter la ville pour leur emploi. Ce sont autant d’exemples qui pourraient en inspirer d’autres. « Nos enquêtes révèlent qu’à Malines, par exemple, 21 % des postes vacants sont pourvus par des Bruxellois. À Vilvorde, c’est 18 %, tout comme à Asse ou à Hal, affirme encore Geert Pauwels. Savez-vous qu’à Molenbeek, 12 % des actifs travaillent en Flandre ? Et la proportion est assez similaire à Schaerbeek ou à Anderlecht. On voit bien là que la mobilité interrégionale est un fait, pas de la science-fiction. Il faut le faire savoir pour motiver d’autres chercheurs d’emploi à franchir le pas. Il s’agit pour nous d’ouvrir les esprits. Apprendre une langue ne peut plus être une option laissée au bon vouloir des gens lorsque la barrière linguistique devient le seul obstacle à l’obtention d’un emploi. Il en va de même pour la mobilité : pourquoi ne pas envisager le vélo lorsque les transports publics n’offrent pas de liaisons suffisantes ? En Flandre, le vélo est bien implanté ; à Bruxelles, il l’est encore insuffisamment. »

Job Fair BrusselsDe 13 à 18h à Tour et Taxis (Shed 2)Sur inscription

À la Une

image description

Focus

Green Deal

image description

Découvrez l'actualité Green Deal

Révélez-vous