Bien-être

La santé mentale, un sujet pour tous

La santé mentale des Belges semble s’être détériorée en 2023. La moitié de nos compatriotes avoue connaître des faiblesses d’ordre psychologique et un sur cinq éprouve même de sérieuses difficultés à affronter à la situation. Si le travail peut faire partie des causes, il n’est assurément pas le seul facteur déterminant, poussant les employeurs à parfois s’emparer d’enjeux privés, de la solitude à l’addiction.
Par Florence Thibaut
Temps de lecture: 4 min

C’est ce qui ressort de l’étude Mind Health Study menée par le groupe AXA dans 16 pays, dont la Belgique où un millier de citoyens âgés de 18 à 75 ans ont fait partie de l’échantillon. Cette enquête globale a pour objectif de prendre chaque année le pouls de la santé mentale. Le Mind Health Index, un outil pour comparer la santé mentale dans différents pays et secteurs, sort dans la foulée. L’an passé, cet indice s’est dégradé en Belgique. « Ces résultats sont sources de préoccupations, cadre Céline Dupont, Chief Life and Health Officer chez AXA Belgium. Pour trois personnes qui se sentent bien – on dira d’elles qu’elles s’épanouissent ou qu’elles vont de l’avant – il y a en deux qui ne se sentent pas bien – on dit qu’elles se languissent, voire qu’elles luttent. En 2023, nous sommes revenus au niveau de 2021, c’est-à-dire en plein Covid ! » Si on analyse différentes catégories de la population, on observe que les jeunes ainsi que les femmes sont davantage touchés. 

Baromètre de l’état mental

En résumé, le Mind Health Index combine plusieurs indicateurs pour aboutir à quatre états de santé mentale illustrés par des verbes. « Le premier est ‘s’épanouir’ (flourishing) et correspond à une excellente santé mentale, la personne ayant la capacité à gérer des difficultés d’ordre psychologique, précise Lode Godderis, professeur à la KU Leuven, qui collabore avec Axa depuis quelques années. Le deuxième est ‘aller de l’avant’ (getting by), un état caractérisé par une bonne performance dans certains domaines cruciaux, mais avec un manque d’éléments pour s’épanouir. Ensuite, il y a ‘stagner’ (languishing), un fonctionnement en-deçà de sa capacité maximale, avec le sentiment d’être démotivé et certaines difficultés à se concentrer. Le dernier est ‘lutter’ (struggling) et représente un mauvais score en matière de bien-être mental et un plus grand risque de développer des problèmes d’ordre psychologique ».

La peur de l’avenir

Ainsi, en 2023, davantage de Belges se trouvent dans l’état de ‘lutter’ (struggling) – 18 % pour 11 % en 2022 – et la catégorie ‘aller de l’avant’ (getting by) connaît une aspiration par le bas – 31 % pour 38 % en 2022. Quelque 30 % des Belges déclarent souffrir d’un problème de santé mentale. « Il n’est pas étonnant qu’en période d’incertitude, les gens éprouvent davantage de difficultés d’ordre psychologique, souligne Lode Godderis. Les conséquences de la pandémie et le futur géopolitique incertain sont des facteurs qui contribuent à un sentiment général d’incertitude et de peur. » Ce qui a un impact majeur tant sur la vie professionnelle que sur la vie personnelle. Environ un travailleur sur dix indique avoir souffert d’un burn out au cours de l’année passée. Et un sur quatre (26 %) déclare avoir pris un congé de maladie en raison de troubles d’ordre psychologiques. Les jeunes et les managers sont les plus touchés. On est ainsi à près de 50 % chez les 18-24 ans.

Ne pas rester seul

Les résultats de l’étude doivent être un « call to action » pour les collaborateurs en souffrance comme pour leurs entreprises. « L’objectif d’une telle enquête est d’encourager le dialogue afin que l’ensemble des acteurs puissent agir pour améliorer la santé mentale, insiste Céline Dupont. En anglais, on parle de Mind Health, et pas de Mental Health, pour briser la stigmatisation que certains peuvent encore ressentir et qui les empêche de demander de l’aide quand ils en ont besoin. » Et Lode Godderis d’enchérir : « Quand on parle de santé mentale, on pense encore spontanément à des problèmes, à la dépression, au burn-out. Mais il convient aussi de prêter attention à ce qui fait qu’on se sent bien. Le travail peut être une source de difficultés, mais il peut aussi être un lieu où les individus se réalisent et s’épanouissent, où ils se développent et où ils peuvent prendre soin d’eux-mêmes et trouver du soutien social ».

L’étude d’Axa éclaire également les attentes des travailleurs en la matière. Leur employeur pourrait, par exemple, élargir les couvertures d’assurance de groupe pour couvrir les soins de santé mentale (44 %), offrir des formations en people management pour managers (39 %) ou un accès accru à des experts externes pour soutenir les problèmes mentaux au travail (34 %). « Soyons conscients de ce que chacun peut faire pour l’autre, conclut Lode Godderis. Demandez régulièrement comment ça va. Mais posez-vous aussi la question suivante : comment se passe la collaboration ? Pourquoi la charge de travail est-elle (trop) élevée ? Quelles sont les solutions possibles ? Parler des difficultés constitue le premier pas vers l’amélioration du bien-être mental au travail. »

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